Rémy Prin

160 pages – 15 €
Le roman d’une maison que l’on restaure dans un hameau de la presqu’île de Rhuys, un regard sur la Bretagne et sa culture.
Extrait
On ne connaît pas vraiment la maison, elle nous échappe à mesure qu’elle grandit. On passe avec elle de grands moments fébriles et sur elle des colères, telles des ratures sur le bleu du ciel quand rien ne va. Ce qu’on regarde lisse et sans accrocs, c’est toute une mémoire en fait saturée d’essais, d’erreurs, avant que l’acceptable n’émerge. Enchevêtrements presque à l’infini des efforts, des échanges entre nous, des réussites et des déboires, la maison se construit, au cœur de nous et à l’écart, dans un dialogue à peine maîtrisé entre le désir et le temps, entre ce qu’on voudrait et ce qu’on accepte. Rien n’est jamais fini dans cette immersion… Périple au cœur de nous, dont on ne savait pas qu’il pouvait nous questionner autant, nous soumettre à tant d’épreuves, nous enseigner autant l’humilité.
Le point de vue de l’auteur
C’est une ancienne ferme qu’on rénove, une longère dans un petit hameau du sud de la Bretagne. Mais c’est tout autant ceux qui vivent là, de leur ferme voisine et de l’élevage qu’ils perpétuent. Et puis des traces d’une mémoire ancienne qui se mettent à revivre, les paysages voisins et plus lointains jusqu’à ceux de l’Irlande qui questionnent sur la parenté des peuples. Et les échos de ceux qui ont écrit sur ces terres, des histoires du roi Arthur et de Merlin aux paroles de Michel Deguy, de Paol Keineg, de Marie Le Franc, de Xavier Grall et d’autres. Et encore des gens qui les ont chantées, Alan Stivell, Yann Fañch Kemener et d’autres… Car dans cette aventure qui dure quinze ans, la maison n’est pas qu’une maison, elle questionne le monde qui la prolonge. Le texte procède par scènes, courts instants vécus, rêvés peut-être, il tente de rassembler la rumeur foisonnante et défaite du monde. Les phrases, dans l’incandescence poétique, font la quête du réel d’aujourd’hui, de la mémoire mise en images des territoires. L’écriture fonde le parcours, dans un fil précaire qui relie pourtant les facettes des pierres et des terres qui nous façonnent, de celles et ceux qu’on y rencontre, et les voix qu’on invente à travers elles.
L’auteur
Rémy Prin est né en 1947 entre Nantes et la mer. Il se passionne très tôt pour l’écriture poétique, tout comme pour le langage et la création textile. Il questionne, dans un dialogue intime de l’écriture entre le sensible et l’intelligible, le rôle du patrimoine aujourd’hui, les représentations que les hommes se donnent de leur mémoire et le dialogue des cultures.
